Je trouve agaçante, cette frénésie actuelle à faire reconnaitre son enfant précoce, surdoué ou plutôt "à Haut Potentiel Intellectuel"

De plus en plus d'adultes réalisent également des tests de QI sur le tard, pour se faire "reconnaitre".

Dans quel but ? Ces démarches réalisées souvent chez des psychologues privés non conventionnés, sont elles faites pour les bonnes raisons ? Ou bien, représentent-elles une tendance un peu égocentrique à l'acquisition d'un statut social avantageux ?

 

La série H.P.I surfe sur la tendance

 

Période de soldes chez les surdoués !

Cette youtubeuse m'agace particulièrement. Sous couvert de conseils pour ces abonnés, cette quadra fait en réalité un exercice d'auto satisfaction publique autour de son "Haut potentiel". Celui-ci aurait été reconnu sur le tard, via un test de QI chez une psychologue.

Beaucoup de parents ou d'adultes passent ces tests chez des psychologues privés. Or, il ne faut pas se leurrer : ces derniers sont constamment en quête d'une nouvelle patientèle... 

En substance, les patients demandeurs paient une séance de test et j'imagine qu'étant donné le prix, ils s'attendent à obtenir leur précieuse reconnaissance...

Cela arrange bien les deux parties, mais cet aspect financier là me dérange.

Comme l'explique le chercheur Wilfried Lignier, "Les psychologues libéraux chargés de faire passer les tests souffrent d'un problème chronique de patientèle, dû au fait que les personnes les plus frappées de problèmes psychiques - surtout les jeunes et les pauvres - n'ont pas les moyens de se payer de thérapie. Aujourd'hui, les psychologues se retrouvent courtisés par des associations (l'association des enfants précoces, Zebra Alternative..) leur proposant de passer des tests, facturés entre 150 et 300 euros [...] Ces tests reviennent en gros à montrer que les enfants sont bons ou pas bons dans des domaines finalement très scolaires et ce, alors que le QI entend justement s’émanciper de l’école (...) Il s'agit d’exercices de vocabulaire et de géométrie. Souvent conscients de cela, un peu gênés, les psychologues essaient de retomber sur des propositions plus en accord avec leurs valeurs, comme la proposition d’une thérapie. Rejet quasiment invariable des parents : ce qu’ils veulent, ce n’est pas changer l’enfant ou mieux l’accompagner à la maison, mais changer le contexte éducatif hors de la sphère domestique".  

Le sociologue Gerald Bronner explique, à propos de l'épidémie de HPI : "Bien sûr, les HPI, ça existe, mais il n'y a pas autant de de gens HPI, que ceux qui se croient HPI. Mais une fois qu'ils ont endossé cette explication, ils renvoient l'intégralité de leur vie par le prisme de ce statut" (JDD, Janvier 2023) 

J'ajouterai que c'est surtout le besoin de reconnaissance sociale que recherche avant tout les parents ! Ce statut devient un totem, un diplôme, qu'ils n'hésitent pas à brandir devant un.e instituteur.rice, un.e professeur.e pour remettre en cause la qualité de son enseignement. Surtout si leur enfant à de mauvaises notes ! : "Vous ne comprenez rien, mon enfant est précoce. Il n'est pas adapté à votre enseignement, à votre système scolaire ! "

 

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