Escapade sur le chemin de Compostelle

En Mai 2019, j'ai parcouru une partie du chemin de Compostelle, entre Le Puy-en-Velay (Haute Loire) et Conques (Aveyron) soit 200km

Cette fois, j'ai fais cela à pied, plutôt qu'à vélo (voir mon article sur le camino francés)

Cette partie de la Via Podiensis est réputée pour être surement la plus belle. La plus marquante en tout cas. En effet, les paysages de Lozère, de la vallée du Lot et surtout du sauvage plateau de l'Aubrac sont magnifiques.

Les villages situés sur le parcours profitent vraiment d'une manne économique. Car à partir du mois de Mai jusqu'en Septembre, ce sont 50 à 100 pèlerins qui débarquent chaque jour dans des petits villages d'une centaine d'habitants.. Du coup, on trouve épicerie, boulangerie, boucherie, bar-tabac... ce qui a malheureusement tendance à disparaitre dans d'autres petites communes d'Auvergne..

Ce parcours se réalise généralement en 10 jours,à raison d'une vingtaine de km par jour. Me concernant, ne disposant que de 7 jours de vacances, j'ai du doubler certaines étapes, en faisant parfois 36km par jour (au maximum)

Les étapes ne sont pas trés difficiles. Le dénivelé positif n’excède généralement pas 400m pour 20km de marche. En revanche, le portage du sac et l'enchainement quotidien des étapes font que ce chemin ne doit pas être pris à la légère. Surtout si vous comptez marcher plusieurs semaines.. Dans ce cas, il faut vraiment faire attention et se programmer une fois par semaine une étape plus courte. Car même si vous faites du running régulièrement par exemple, les tendons sont trés sollicités (tendon d’Achille, tendon releveur..)  Évidemment, il y a aussi un soin particulier à apporter à ses pieds ! Pour éviter les ampoules, testez bien vos chaussures de rando ou baskets de trail avant de partir. Mon astuce est aussi d’éviter de prendre une douche tous les jours. L'eau chaude va ramollir la peau et la rendre plus fragile. Il vaut mieux se rafraichir au lavabo de temps en temps..

La cathédrale du Puy-en-Velay marque le point de départ d'un trés long périple pour les pèlerins ayant pour objectif de relier Saint Jacques de Compostelle en Espagne. Au cours de ces 1500km à travers des régions et cultures trés différentes, le marcheur ou la marcheuse va s’émerveiller, se faire mal au pied, au dos, se faire surprendre par la pluie, l'orage, souffrir dans le froid ou la chaleur, partager des bouts de parcours avec d'autres...  Tout cela doit rendre l'arrivée à Santiago d'autant plus forte en émotions...

Concernant le choix de vos chaussures, si vous hésitez entre chaussures de randonnée et baskets de trail : Les chaussures de randonnée offrent un meilleur maintien de la cheville, c'est le gros avantage. Cela peut éviter certaines blessures (foulures, entorses..) Mais du coup, la cheville est moins libre. Si vous êtes un.e habitué.e des trails, vous pouvez sans problème opter pour vos baskets. En effet, vous vous sentirez clairement plus agile et dynamique pour marcher activement.

Outre le portage du sac, ce qui fatigue aussi sur le chemin de Compostelle est le manque de confort (relatif) et la promiscuité dans les gites. Bien sûr, cela fait partie de l'aventure et apporte son lot de rencontres bien sympathiques. Mais enchainer les dortoirs de 6 personnes, avec peu d'espace pour étaler ses affaires, faire sécher son linge etc.. et un peu usant. Pourtant, il est vrai aussi que l'on s'y fait vite. Une nuit, au gite des 2 pélerins en Haute Loire, j'ai pu dormir dans une genre de roulotte appelée "Tsabone". C’était confortable, à l'abri des ronfleurs et je n'ai pas eu froid malgré les 7 degrés dehors. En outre, la plupart des gites sont propres et disposent d'une cuisine partagée, ce qui permet de diner librement et à moindre cout. Désormais, des méthodes d’hygiène particulières ont été adoptées pour éviter la propagation des punaises de lit : On vous donne une boite pour transporter dans la chambre vos affaires nécessaires pour la nuit. Mais le sac à dos, les chaussures restent en dehors de la chambre.

Le plateau de l'Aubrac est trés sauvage. C'est une vaste étendue désertique, mais trés verte et magnifique. On pourrait même le qualifier d'inhospitalier. Lorsque le vent souffle et la pluie tombe, cela peut être glacial, même début Mai ! Au printemps, la végétation est vraiment en retard par rapport à la plaine. En plein hiver, la neige est toujours présente, de octobre à Mai...

Après avoir traversé l'Aubrac, vous découvrez la vallée du Lot et à l'instar des anciens pélerins, vous vous dites que c'est la "fin de l'enfer" : Fini, le vent et la pluie glaciale des -magnifiques - étendues désertiques. Place à la lumière, à la végétation aux influences déjà méditerranéennes..

Espalion est une ville bien agréable. Il y fait beau, il y a le lot qui le traverse.. On peut y admirer "l'église perse",de style roman et superbe avec sa pierre brute et son intérieur dépouillé. En continuant le long du Lot, on arrive à Estaing, joli bourg de style médieval, avec son château racheté par notre ancien Président Giscard (mais celui ci ne semble pas appartenir à la famille noble d'Estaing)

Conques est une merveille, de par son homogénéité architecturale préservée et son décor naturel magnifique. Un vrai plaisir pour marquer la fin de sa semaine de randonnée. Les vitraux de la cathédrale, installés par Pierre Soulages en 1997, avaient fait polémique. En effet, l'artiste avait rompu avec la tradition des vitraux multicolores et illustrés de personnages, paysages.. Pourtant, de jour, leur couleur sable blanc se marie à merveille avec la pierre jaune pâle de l'édifice religieux. Le soir, comme par magie, ils se parent de bleu, d'orangé... J'adore. A découvrir le soir, au son de l'orgue. En effet, après le repas à l'abbaye où les pèlerins peuvent dormir, l'un des frères vient interpréter de nombreux airs incitant à la rêverie.

A découvrir bien sûr, l'incroyable tympan, représentant de nombreuses scènes du jugement dernier. Là aussi, un frère est présent le soir pour le décrire.