Le monde cruel du tennis professionnel
14 mars 2007J'aborde ce sujet car je suis moi même pratiquant, à mon niveau, de ce sport à la fois passionnant et exigeant.
Faisons de suite une différence entre :
- La pratique régulière par pur plaisir d'échanger des balles.
- La pratique du tennis en compétition (l'état d'esprit change déjà...)
- Le tennis de haut niveau, ou professionnel
C'est cette derniére catégorie qui m’intéresse ici :
Petit récapitulatif pour les non-initiés : Chaque année, les circuits officiels ATP (hommes) et WTA (femmes) proposent une succession de tournois se déroulant partout à travers le monde. Ce sont les mêmes chaque saison. Cela permet de comparer, sur la même base, les performances des différents joueurs d'une année sur l'autre, mais aussi entre joueurs de générations différentes.
Le monde du tennis de haut niveau est comme une bulle, au sein de laquelle une élite de joueurs et joueuses évoluent, avec des hauts et des bas. Personnellement, ce microcosme me fascine.
Il est peu comparable avec le monde du football par exemple. Ici, on parle de confrontation d'individualités, avec chacune leurs personnalités. Et Dieu sait que le Tennis est un révélateur des caractères !
Guillermo Vilas et un jeune joueur de tennis - Julien Boutter Photos by Ikimashoo
Tout d'abord, les joueurs de tennis professionnels voyagent beaucoup individuellement. Chaque joueur est comme une petite entreprise. Ils côtoient quasiment toutes les nationalités. C'est quelque chose que je trouve formidable, car c'est une ouverture d'esprit de chaque instant.
Ensuite, comme dit plus haut, le tennis est un sport individuel. C'est l'occasion d'observer les rapports humains au sein du circuit : Pour moi, il y a 2 catégories :
Il y a ceux qui sont réguliers dans leurs résultats (dans la victoire comme dans la défaite) et ceux dont la carrière suit un rythme cyclique de traversée du désert et de coups d'éclats ponctuels...
Le rapport entre les gains sur les tournois et les dépenses en billets d'avions, matériel etc... est un facteur essentiel. Il va différencier considérablement la confiance mentale des joueurs du top 10 et celles des lanternes rouges du classement mondial.
Je suis quelques joueurs de mon club qui ont joué avec moi pendant mon enfance et qui sont parvenus à rentrer à l'ATP.
Évidemment, ils étaient trés doués, les meilleurs jeunes du département, de la région pour certains. Pourtant, avec tant de sacrifices consentis, ils plafonnent pour la plupart dans les 500/800éme mondiaux. Ils font le métier qu'ils ont rêver, mais cela peut devenir difficile à gérer : Mis à part les risques de blessures, il faut faire le choix de son calendrier de tournoi : Dépenser de l'argent pour faire un tournoi important à l'autre bout du monde et perdre au 1er tour, ça fait mal. Au portefeuille, autant qu'au moral. Or, le tennis, c'est au moins 80% de mental. Les 20 % restants, à moins d'être vraiment blessé, n'influencent que peu l'issu d'un match selon moi. Il faut donc savoir gérer ces aléas de méforme, de manque d'envie parfois et relativiser.
Photo by Ikimashoo
J'en viens à mon dernier point : Les (excellents) joueurs qui débutent sur le circuit se retrouvent tout au fond de classement. Il faut tout remonter. C'est là que, selon moi, la loi des probabilités intervient :
Certains ont de la chance et grimpent au classement en gagnant face à des joueurs de niveaux progressivement plus élevés (c'est le but des tournois "challengers")
D'autres, au contraire, tombent dés le départ face aux 30éme, 20éme mondiaux. Le choc est trop brutal. Ils sont alors bloqués dans leurs progrès, car ils auraient besoin pour cela, d'être confrontés à une évolution progressive de la difficulté. Aussi, ils peuvent rester toute leur carrière à galérer comme cela, sans que l'on sache vraiment si ils auraient eu le potentiel de battre un jour un Roger Federer...